Association de malfaiteurs

Le malfaiteur est celui qui fait le mal et dans la circonstance de l’espèce, le mal qui engendre la maladie, et en ce qui nous concerne, celle qui conduit à la mort.

Les trois associés : industriels du tabac, Ministère des Finances et buralistes ont su se mettre d’accord pour profiter au mieux de la naïveté des jeunes consommateurs. En abusant de leur faiblesse, en oubliant les impératifs de santé publique, ils ont amélioré les profits liés à leur commerce criminel. Le commerce du tabac tue un consommateur sur deux avant 65 ans, il est en France la cause de 65 000 morts chaque année.

Pour défendre leurs intérêts respectifs, cigarettiers, ministre des finances et buralistes ont su « gérer » les prix du tabac de façon magistrale. A la rentrée dernière, les cigarettiers avaient demandé au gouvernement l’autorisation d’augmenter les prix des cigarettes de 6% en novembre. Cela avait très bien marché un an plus tôt et en bons commerciaux ils voulaient « refaire le coup ». (Il y a eu trois hausses de 6% inefficaces sur la consommation et une seule hausse de 30%, la seule efficace, elle avait fait chuter la consommation de tabac en 2003-2004). Le gouvernement, lui aussi sensible à des profits immédiats, a dit « oui » et le prix du paquet de cigarettes a augmenté de 30 centimes.

Notre confrère « Le Losange » publiait début janvier que les ventes de cigarettes n’ont pas baissé d’un iota, mais que mathématiquement, le chiffre d’affaires lié au commerce des cigarettes a progressé dès novembre, dès l’augmentation !!

Bien joué Messieurs les malfaiteurs.

Cette hausse de 6% a manifestement été calculée pour satisfaire les cigarettiers, profiter aux buralistes (frontaliers exceptés) et engraisser l’Etat. Les taxes supplémentaires vont lui rapporter 400 millions d’euros. Tout cela sans risque, pour les malfaiteurs s’entend ! Les analystes et économistes ont démontré qu’une augmentation du prix des cigarettes inférieure à 10% est sans effet sur la consommation.

Le trio de malfaiteurs jouait sur du velours. L’ennuyeux c’est que l’Etat responsable de santé publique, gardien de la morale, agitateur de principe de précaution et pourfendeur de conflits d’intérêts, soit un membre du trio.

François BAROIN, ministre du Budget, a décoré de la légion d’honneur le président de la Confédération des buralistes (cf notre dernier éditorial).

Le fauteuil ministériel d’Eric WOERTH a tremblé pour une légion d’honneur accordée au gestionnaire de la fortune BETANCOURT où travaillait son épouse. Que va faire celui du Ministre du Budget ?

Heureusement que pendant ce temps le nouveau Ministre du Travail et de la Santé, Xavier BERTRAND travaille avec un véritable objectif de santé publique. Il n’était pas ministre quand cette hausse scélérate et criminelle a été décidée.

C’est lui qui a boosté la loi EVIN votée le 10 janvier 1991.

C’est le décret qu’il a signé qui a permis un grand pas dans la lutte contre le tabagisme passif.

Va-t-il briser cette association de malfaiteurs, détruire le trio infernal et rétablir une morale de santé publique ?

A suivre…

Toxicologue Docteur en Médecine, en Pharmacie, Ingénieur des Sciences Président de Tabac & Liberté, Toulouse, France