10 ans ça suffit

Souvenez-vous : En 1991, pour la première fois la protection des non-fumeurs faisait l’objet d’une loi appelée loi EVIN.

Cette loi eut peine à se faire accepter et c’était prévisible : l’Etat qui la promulguait ne pouvait en même temps lutter contre et tirer profit du tabagisme. Il fallait choisir. Il a choisi la lutte mais une lutte taquine sans opposition de force et avec un sabre de flanelle. Et en même temps, il autorisait sans pudeur ni retenue un commerce qui tue un consommateur sur deux, et laissait les industriels du tabac conduire une opposition permanente et efficace à cette loi Evin, notamment sur la restriction de publicité. Il faisait taire la justice en imposant la pancarte « Fumer tue » sur les paquets de cigarette, déplaçant ainsi la responsabilité du dommage non point sur le vendeur de l’arme tabagique mais sur la victime. C’est ainsi que certains criminels ne seront jamais poursuivis et que le tabac continue et continuera à tuer.

L’Etat persévère à prendre sa part de bénéfices, ô combien conséquente (80% du prix du paquet) et reste muet devant l’augmentation des profits des cigarettiers et par voie de conséquence des siens. Au contraire, il les orchestre par de savantes augmentations dont il a mesuré l’inefficacité sur la réduction de consommation.

Les fumeurs sont devenus les boucs émissaires d’une industrie qui incite nos dirigeants et nos juges à étrangler la liberté aux fins d’escamoter leur vie.

On nie les drames liés aux conséquences du tabagisme par ce subterfuge que Levy Bruhl aurait qualifié de « prélogique » et que Levi Strauss qualifierait de « magique ». Jusqu’à quand le pays des Droits de l’Homme adoptera-t-il cette attitude schizophrénique ?

Il faut défendre les droits des fumeurs, certes, mais il faut d’abord défendre le droit des enfants et des non fumeurs à ne pas être encagés derrière les barreaux mortels du tabagisme.

A Tabac & Liberté, nous essayons de transgresser le tabou du tabac. Nous voulons que les juges poursuivent les criminels puisqu’ils sont criminels. Lorsque l’industrie pharmaceutique donne au consommateur un médicament qui crée des effets secondaires pathologiques, elle doit réparer les dommages causés et tout le monde s’indigne (cf MEDIATOR). Lorsqu’un individu crée un dommage sur un citoyen, il doit être et est condamné à réparer ce dommage. La judiciarisation de notre société ne peut tolérer que les dommages créés par l’industrie cigarettiere atteignent impunément la vie des citoyens et continuent à être la première cause de décès. On éviterait 65 000 morts en France. 65 000 familles en deuil.

Nous appelons à un nouvel élan. Nous critiquons la politique menée ces dernières années. Nous dénonçons le rôle pervers du Ministère du Budget qui « arbitre » la soi-disant lutte contre le tabagisme à la place du Ministère de la Santé. Nous accusons l’Etat de jouer un double jeu.

Je suis oiseau : voyez mes ailes : je vole au secours des non fumeurs (Veil, Evin, Bertrand). Je suis animal : voyez mes poils : je permets aux cigarettiers d’augmenter leurs profits et par voie de conséquence les miens. Je soutiens les caisses de retraite car un fumeur sur deux meurt avant 65 ans.

Ça suffit.

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui regardent et laissent faire » Einstein.

Toxicologue Docteur en Médecine, en Pharmacie, Ingénieur des Sciences Président de Tabac & Liberté, Toulouse, France