Le père Fumard

Tous les jours le père Fumard vend en moyenne 360 paquets de cigarettes sur lesquels est écrit en lettres noires et sinistres « fumer tue ». Le père Fumard n’est pas un assassin. C’est pourtant le complice d’un crime mais il ne sera ni poursuivi, ni jugé, ni emprisonné comme le sont habituellement les auteurs d’un homicide volontaire ou involontaire. Le père Fumard est un bon citoyen : sa fonction c’est d’être buraliste : en bon buraliste et en bon citoyen il paye les charges sociales, la CSG, la CRDS, l’URSSAF, l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le revenu, la taxe foncière, la taxe d’habitation, la TVA ainsi que la taxe pour payer ces différents impôts à savoir les frais de rôles relatifs à chacun. Pareil pour les cigarettiers : ils payent eux aussi grâce au commerce des cigarettes, grâce à l’argent du crime, les mêmes taxes et impôts.

L’Etat quant à lui récolte tous les impôts et toutes les taxes payés par cigarettiers et buralistes. En plus il prélève une taxe spéciale sur les cigarettes ce qui rend le commerce du tabac particulièrement juteux. Il engrange ainsi chaque année 13 milliards d’euros.

Seuls les fumeurs seraient en droit de se plaindre. En France ils sont en effet 73000 à succomber chaque année dans le nuage de la fumée des cigarettes : plus de 7 morts par heure, tous enfumés !

Ils ne peuvent pas se plaindre car ils ont été avertis, trop tard certes mais les lettres noires « fumer tue » étaient inscrites sur le paquet dès le départ. De plus, un homme averti en vaut deux, même quand on l’enfume ; mais à 11 ans on n’est pas encore un homme même si on sait lire. La mention « fumer tue », à 11 ans fait sourire. A 40 ans elle inquiète mais c’est un peu tard.

De toute façon l’Etat providence est toujours bienveillant envers le peuple des fumeurs. Tel un père vis-à-vis de ses enfants, même si ceux-ci sont incapables de décider ce qui leur est inutile ou nuisible, l’Etat va rester près d’eux. Il va les rançonner avec bienveillance. Il veillera ainsi à ce que le cancer du poumon généré par la cigarette soit « remboursé par la sécu » et à 100% (enfin presque !) La sécu grappillera de son côté quelques centimes d’euros sur des médicaments qu’elle aura décidé de rembourser seulement en partie !

Dans sa bienveillance légendaire, l’Etat imposera à ses caisses de S.S de prendre en charge « un nettoyage dentaire annuel ». Ceci a son importance car fumer tâche les dents et un citoyen même fumeur a le droit de mourir avec des dents propres à défaut de les avoir blanches.

Le fumeur après un long enfumage pourra alors quitter la vie sinon heureux du moins satisfait d’avoir largement contribué à la bonne santé financière de ceux qui l’ont conduit au trépas (cigarettiers, buralistes et Etat soi-disant providence.)

Lors du moment suprême l’Etat toujours présent dans la chambre du de cujus adresse un clin d’œil malicieux à son collègue des caisses de retraites régulièrement convoqué. Celui-ci avec des mains plus que crochues va siphonner en un instant toutes les mensualités des retraites que la caisse aurait dû verser à celui dont elle a encaissé les nombreuses cotisations. Rares sont les morts qui touchent une retraite : C’est le grand siphonnage du fumeur détroussé.

Notre ami fumeur partira donc complètement dépouillé. Dès lors Il se retrouve à égalité avec le non fumeur lui aussi dépouillé et sans équipage pour l’au-delà : pas de valises pas de bagages pour l’au-delà.

Mais qui a cru que pour le grand voyage on emportait des bagages ?

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