Le mot du rédacteur

Je rentre du 4ème congrès de la Société Française de Tabacologie.

J’ai été émerveillé par l’enthousiasme des jeunes tabacologues et la qualité des communications dont la prochaine lettre vous parlera dans le détail.

Nous étions accueillis par Mr Santini, maire d’Issy les Moulineaux, grand fumeur devant l’éternel, déjà victime d’un infarctus mais toujours libre de fumer ou plutôt enchainé à son cigare : c’est son problème et sa responsabilité d’en accepter ou de ne pas vouloir en envisager les conséquences. Par contre, il nous a raconté comment son ami, le sulfureux Balkany avait exigé de sa maitresse qu’elle lui fasse une fellation en lui appliquant un pistolet magnum 357 sur sa tempe. Une fois l’«inflation » accomplie, elle a fui dans la rue en nuisette. Et, le fumeur Santini de nous narrer : il n’y a pas eu de poursuites car « la victime avait avalé les preuves » !!!

Au-delà du caractère gaulois, potache et trivial, cela m’a rappelé qu’une bouche de justice qui méconnait l’inflation semble une bouche d’égout, qu’un jour il faut s’écrier « Casse toi pauvre c… » ou comme l’écrit Jean-Luc Mélenchon « Qu’ils s’en aillent tous ! ».

Pendant que les « grands et les puissants » se défoulent avec des mots excessifs, l’image qu’ils véhiculent sert de modèle aux plus fragiles. C’est ainsi que beaucoup aspirent à la panoplie de la réussite, du bien-être, du besoin de reconnaissance… Ceux-ci fument alors la première cigarette, boivent la première bière… Nous connaissons l’inéluctable suite.

Je suis revenu convaincu que ce n’est pas seulement sur le terrain de l’information et de la prévention que nous devons agir. Il nous faut mieux renseigner les politiques et la Société en général sur les problèmes réels liés au tabagisme. Notre préoccupation et notre lutte contre les addictions doivent non seulement s’inscrire dans une politique nouvelle d’action médicale mais aussi dans un changement radical des mentalités.

Car pendant ce temps les cigarettiers, comme vous le lirez dans cette lettre font des super profits et affichent avec indécence leur croissance .Nos patients fumeurs, eux, fument de plus en plus, les fumeurs pauvres deviennent encore plus pauvres, et tous meurent au rythme de 7 morts par heure en France avec les conséquences dramatiques sur les choix économiques de notre système de santé que vous connaissez.

Ces réflexions vous transmettront un peu de ma révolte contre ce que je ne puis accepter comme fatalité. Tabac & Liberté trouve encore et toujours toute sa légitimité dans le paysage politique et social. Cela aussi nous anime tous pour continuer notre mobilisation.

Toxicologue Docteur en Médecine, en Pharmacie, Ingénieur des Sciences Président de Tabac & Liberté, Toulouse, France